Un handicapé dans la ville

un handicapé dans la ville

afin de mesurer tout ce qu’engendre la vie d’une personne à mobilité réduite, nous avons passé une journée dans un fauteuil roulant. a travers la mini série « un handicapé dans la ville », nos handicapés éphémères vont vivre une expérience marquante…

store.avec.fr : comment avez-vous vécu le fait d’être en fauteuil ? 

arnaud : moi qui mesure 1,90 mètre, cela m’a fait une impression étrange d’être plus petit que tout le monde. on se sent vraiment petit…j’ai ressenti ce que les personnes handicapées ressentent dès lors qu’elles « chaussent » leur fauteuil.  pour moi, ça a été la chose la plus dérangeante : j’étais oppressé, je rasais le sol, je me sentais quelque peu en perte de confiance.
sari : les regards des gens ont toujours été présents. lorsque vous êtes assis sur un banc et que les gens passent, on vous regarde de toute façon et il est impossible pour vous de passer inaperçu. parfois, les gens nous regardaient de façon tellement insistante qu’on avait l’impression qu’ils n’avaient jamais vu de personne en fauteuil roulant. en 2012 !

store.avec.fr : vous êtes jeunes, avez-vous l’impression que les jeunes sont bien sensibilisés au handicap ? 

a : l’aide que l’on a reçu provenait en générale des seniors, mais c’est vrai qu’au moment du micro-trottoir, on a aussi eu des personnes d’un âge certain qui nous ont dit tout de go , à propos du handicap:« je m’en fou complètement »…
s : oui, les jeunes sont ouverts au sujet du handicap (c’est d’ailleurs eux qui ont été les plus attentifs à nos questions) mais ils ne sont pas habitués à vivre avec des pmr (personnes à mobilité réduite). a mon avis, ils ne demandent qu’à être éduqués au sujet du handicap. parce qu’au final, on sait tous que les handis ne sont pas différents des valides, mis à part qu’ils se déplacent en fauteuil quoi… 

store.avec.fr : dans la vidéo, on voit que les gens ne se bousculent pas forcément pour vous aider dans des moments un peu difficiles. a quoi seraient dues ces hésitations ?  

s : moi, comme j’ai eu un peu de mal avec le maniement du fauteuil, j’ai eu besoin d’aide quelques fois et j’ai remarqué que les gens ne viennent pas tout de suite…soit ils hésitent, soit ils détournent le regard…
a : en fait, je pense que les gens ont peur de proposer leur aide. lorsque l’on demande aux passants leur vision du handicap, ils n’osent pas répondre. ils éprouvent peut-être de la pitié ou de la peur. on se rend compte que le sujet est tabou.
s : oui, c’est vrai qu’après on rentre dans un discours un peu moralisateur mais le fait est que le handicap est encore aujourd’hui un sujet sous-traité et les gens ne savent pas comment réagir face à ce qu’ils ne connaissent pas.